Jean nous a quittés
Le 2 mai 2022Jean Greset aimait l’art comme on aime la vie, avec passion, avec ses enthousiasmes et ses emportements.
Jean était un cœur généreux, un regardeur attentif et un galeriste un peu fou, dans ce que la folie a de plus beau : ne pas supporter l’état des choses et considérer la vie comme une constellation dont les artistes étaient les étoiles.
Jean fonçait sur les chemins de l’art avec une bonhommie enthousiaste et parfois des coups de gueule contre ceux qui affichaient à l’égard de ses projets ou de ses artistes une condescendance à la mesure de l’esprit de cour qui règne souvent dans le monde de l’art. Sa passion n’était pas sectaire mais véhémente. Abstraits ou figuratifs, construits ou sensibles, singuliers ou radicaux ; tous les types d’œuvres pouvaient retenir son regard, trouver place dans son coeur et stimuler ses envies.
Jean disait franchement ses préférences. Sans faux semblants, il disait aussi ses déceptions. Mais ce qui fondait sa vie était un optimisme et un amour de la vie grand comme une montagne.
J’ai toujours éprouvé pour Jean une grande sympathie ; jusque dans nos désaccords. J’aimais le voir arriver pour une exposition au 19, Crac à Montbéliard ou à Belfort, j’aimais après un vernissage à sa galerie, aller boire un verre ou manger un plat tout en discutant.
Aujourd’hui je suis triste parce que trop tôt Jean s’est absenté pour toujours.
Le ciel de Besançon a pris soudain la couleur de la nuit de l’âme.
Les artistes ont perdu un ami fidèle, sa femme Françoise son magnifique compagnon et la Franche-Comté son galeriste le plus dynamique et atypique.
Jean faisait partie des hommes et femmes qui m’ont fait aimer la Franche-Comté.
Malgré la maladie, je sais qu’il a été entouré de l’amour de ses proches jusqu’au terme de sa vie, dans cette maison où il y avait des œuvres, et où il faisait et rêvait sans cesse d’expositions.
C’est dans le ciel de nos mémoires que nous verrons le grand Jean courir, des couleurs plein les yeux et des tableaux plein les bras en colporteur d’expositions de rêve.
Adieu l’ami !
Que cette terre franc-comtoise que tu quittes sache te rendre l’hommage que tu mérites.
Philippe Cyroulnik
Critique d’art et ancien directeur du 19, Crac-Montbéliard (1995-2015)